Le porche de Mimizan (France)

Vestige de l’ancienne église prieurale Saint-Marie reconstruite à la fin du XIIe siècle, la tour massive du clocher-porche de Mimizan préserve en son sein un joyau architectural : Un portail, dont le tympan est surmonté de trois voussures, d’une rangée de statues polychromes et de peintures murales plus tardives (XVe s.).

Selon le bréviaire de Lescar, l’église Sainte-Marie de Mimizan s’élèverait sur l’emplacement d’un édifice du VIe siècle réalisé en hommage à saint Galactoire, évêque de Lescar, martyrisé par les Wisigoths en 506 AD. Rattachée à l’abbaye bénédictine de Saint-Sever, le prieuré devient l’un des principaux édifices religieux du nord des Landes au Moyen-âge et encadre le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle sur cette section du littoral dont il est un point d’étape, ce qui assure sa prospérité.

Le tympan offre une représentation sculptée de l’adoration des rois Mages. La voussure interne représente les Vierges Sages et Vierges Folles, de part et d’autre de la Jérusalem céleste, alors que la voussure intermédiaire représente les prophètes.

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Les voussures du porche de Mimizan

Mais c’est bien la voussure externe, représentant les signes du Zodiaque et les occupations des douze mois de l’année, qui retient notre attention :

Leur disposition ne s’articule pas en effet selon la succession naturelle des constellations devant lesquelles le Soleil se lève tout au long de l’année. « Fantaisie » du maître d’oeuvre, maladresse grossière ou… code subtilement intégré à l’attention des esprits les plus curieux ?

La clé se trouve peut-être dans la thématique globale du porche : Si le tympan renvoie à la naissance du Christ saluée par les Rois Mages (comportant 7 personnages principaux et 3 chevaux figurés en plus petits), les dix vierges rappelle l’importance de la vigileance à l’égard de la seconde venue du Christ. Bien que certains éléments soient manquant, il semble que les prophètes figurés sur la voussure intermédiaire soient au nombre de 10 – et non 12 – auxquels s’ajoutent les 12 figurations des travaux mensuels et leurs correspondance astrologique.

En quel cas, ces quatre thèmes totalisent ensemble 42 éléments : 10 figures du tympan +10 vierges +10 prophètes +12 travaux mensuels.

Or 42 se trouve  être en effet la clé qui permet de décrypter l’articulation si particulière des signes zodiacaux du porche de Mimizan. Il importe de préciser qu’à l’image du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle dont Mimizan fut autrefois une étape, ce nombre 42 n’en symbolise que le voyage aller : La maturation de l’âme exige de déployer le même effort pour effectuer son retour au point d’origine (ce que si peu de pèlerins modernes assument aujourd’hui).

Est-ce là le sens de la période des 42 mois qu’il est donné aux nations de fouler aux pieds le parvis extérieur du temple (Ap. 11:2) ou le temps pendant lequel la bête est en mesure d’agir et de blasphémer (Ap. 13:5) ?

Si le nombre 40 semble devoir incarner la voie lente de la maturation méditative intérieure, le nombre 42 pourrait renvoyer quant à lui à la voie éprouvante de l’expérimentation du soi au contact du monde extérieur. A cet égard, il paraît judicieux de rappeler que 42 générations séparent David de Jésus (Lc 3,23-38) et que l’Egypte ancienne se divisait elle-aussi en 42 nomes (provinces administratives).

Le cycle complet viserait donc à expérimenter 84 « mois » différents pour réaliser l’unité du « soi ». Voilà un septennat bien rempli en somme…

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